Les enclos paroissiaux de basse Bretagne (XV°, XVI° et XVII° siècles)

 

Bref historique et localisation des enclos

Localisés essentiellement en basse-Bretagne, les plus complets des enclos paroissiaux sont situés aux confins du Léon, de la Cornouaille et du Trégor.
C'est le Finistère et notemment le Léon, qui présente la plus forte concentration d'enclos paroissiaux, mais Le Trégor et la Cornouaille peuvent se targuer de posséder également quelques très beaux ensembles.
Du plus grandiose au plus modeste, du plus célèbre au plus méconnu, ce sont des lieux magiques qui recèlent de multiples trésors et possèdent un étrange attrait.
Émouvant, bouleversant même de pénétrer ainsi en ces endroits témoins de notre passé et de notre histoire.
Comme s'il y planait toujours l'âme des tailleurs de pierres, des verriers, des sculpteurs, des orfèvres et de tous les artisans qui ont contribué à faire des enclos ce qu'ils sont.
On y perçoit l'amour du bel ouvrage, le souci du travail bien fait, la foi sans doute immense qui motivait et animait toutes ces créations.

Apparus à la fin du XV°, les enclos ont été édifiés, pour la plupart aux XVI° et XVII° siècles,
-dans un pays en plein essor, producteur de lin et de chanvre, qui alimentait à l'époque l'Europe entière en voiles et cordages réputés,
-dans un pays prospère et respecté, qui possédait à l'époque l'une des meilleures marines commerciales d'Europe,
-dans un pays où le sentiment religieux était très fort et la pratique de la religion très développée...
-dans un pays enfin où les dons affluaient de toutes parts, largesses des ducs, donations des nobles et des riches bourgeois, disponibité du peuple à collaborer à la tâche...

Au XVII° siècle, la main mise des Français sur la Bretagne va fortement nuire à ce dynamique élan qui anime l'architecture sacrée en Armorique.
En 1695, un édit du roi de France interdit purement et simplement l'édification de tout nouvel édifice religieux sur notre sol,
avant que n'arrive quelques années plus tard l'interdiction de parler notre belle langue...
Pressions fiscales, pressions religieuses et politiques, querelles internes, conflit permanent avec l'Angleterre, isolement, vont mettre rapidement un terme à la prospérité du pays.
Il faudra attendre le milieu du XX° siècle pour que la Bretagne désenclavée se relève fièrement et prenne conscience de l'inestimable valeur de sa culture, de sa langue et de son patrimoine architectural.
Restaurées, ces splendeurs sont désormais accessibles à tout un chacun et les touristes affluent en masse vers ces lieux étonnants, mémoires du peuple d'Armorique.

La fabrique

La fabrique, un comité de bourgeois et de notables élus localement chaque année, avait pour mission d'engager les travaux de construction et d'assurer l'entretien et la gestion des biens de la paroisse.
Revenus issus des droits et taxes diverses sur les foires locales, fermages de l'église, donations des plus aisés, ventes aux enchères au sortir de la messe dominicale, le budget de la fabrique dépendait de la richesse de la paroisse.
Les plus humbles, les plus démunis, participaient en donnant de leur temps et tout savoir-faire était habilement exploité.
L'enclos était la réalisation de toute la communauté et chaque bourgade rivalisait avec sa voisine affichant sa fierté de posséder la plus belle église, le clocher le plus haut, le calvaire le plus richement décoré.

En Bretagne, l'enclos est un endroit sacré

      

  • Situé dans la campagne, l'enclos se résume à un simple placître, vaste espace clos qui met en valeur une chapelle, quelquefois un calvaire et très souvent la source qui lui est associée.
    Entouré d'un muret dans lequel sont parfois insérées des dalles en saillie pour permettre aux fidèles de s'asseoir, on y accède par les traditionnels échaliers.
    Il abrite parfois le tombeau d'un serviteur du culte ou celui d'un généreux donateur.
    Le placître des chapelles, etait très fréquemment planté d'arbres en prévision des futurs travaux de charpente à opérer sur l'édifice.
  • Situé au coeur du bourg, le placitre devient l'enclos paroissial, l'endroit où l'on enterre les morts, au milieu du village, au coeur de la tribu.
    Héritage de l'âme celte, mysticisme, pratiques paiennes, croyances ancestrales et rites religieux sont intimement mêlés.

  • Ici la mort est familière et dès leur plus jeune âge, on raconte aux enfants les légendes du Yeun-Ellez, le pays des portes de l'Enfer, qu'arpente l'Ankou,
    l'ouvrier de la mort toujours en quête de nouvelles âmes pour charger sa charrette (le karrig-ar-maro) et les conduire vers l'Au-delà.

    Dans ce pays, où la mort participe de la vie, l'enclos est le lieu privilégié du dialogue entre les défunts et les vivants, entre le sacré et le profane.
    Ceux qui sont passés, partagent l'espace avec ceux qui passent, dans l'attente de ceux qui passeront. Ici, pas de frontière entre la vie et la mort, juste un passage...

Les éléments qui composent généralement l'enclos paroissial

  • Le cimetière, le mur d'enceinte, le portail et les échaliers.
  • L'ossuaire, le reliquaire, la chapelle funéraire.
  • Le calvaire, les croix, la statuaire.
  • L'église.
  • Les constructions et édifices annexes.
  • Fontaines sacrées

      1-Les enclos paroissiaux de basse Bretagne
      2-Le cimetière, le mur d'enceinte, le portail et les échaliers
      3-L'ossuaire, la chapelle funéraire
      4-Le calvaire, les croix, la statuaire
      5-L'église
      6-Ballades dans les enclos...
      7-Bibliographie...

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