Le style de "l'atelier Beaumanoir" XV° et XVI°
Le clocher-mur, flanqué de solides contreforts et d'une tourelle d'escalier :

     
     

Généralement de plan rectangulaire (à l'exception de quelques édifices comme la tour carrée de St-Mélaine à Morlaix ou celle de St-Pierre de Taulé), le clocher s'appuye sur un pignon épais et presque toujours asymétrique qui est renforcé de solides contreforts.
La tourelle d'escalier parfois à plan carré, hexagonal ou octogonal, est plus souvent circulaire et peut être bâtie en faux aplomb afin de lui assurer une plus grande stabilité et de souligner le dynamisme de l'ensemble.
Elle permet d'accéder à une plate-forme bordée d'une balustrade de granite, qui supporte le beffroi et la flèche.
La plate-forme dont l'horizontalité est accusée par des gargouilles, repose sur de solides corbeaux.
Aux angles de la balustrade au style flamboyant très caractéristique qui couronne la tour, s’appuient des piles et des arcs-boutants, souvent agrémentés de pinacles.
Le beffroi est très fréquemment constitué de deux niveaux comportant trois baies (chambres de cloches) et est surmonté d'une petite flèche à l'ornementation très riche.

***Certaines réalisations plus récentes (dites néo-Beaumanoir), mettent en oeuvre deux tourelles à plan hexagonal ou octogonal, disposées symétriquement, et le clocher-mur comporte parfois deux plates-formes superposées.
Le couronnement quant à lui, peut présenter divers aspects allant du simple lanternon au clocher-mur à trois baies surmonté d'une petite flèche ou d'un gracieux dôme.

L’abside à noues multiples (ou chevet à trois pans) :
Surmontés de frontons triangulaires ces éléments sont très caractéristiques de l'atelier.
Il s'agit de petits pignons juxtaposés selon un plan polygonal permettant un éclairement plus conséquent du choeur, de l'abside, du chevet, d'une chapelle accolée à la nef ou d'autres collatéraux...

   
 
Une succession de collatéraux au sud :
En général au nombre de trois et de tailles inégales, ils permettent l'accès à la nef par des galeries protégées des vents dominants s'ils sont munis de porches, et créent un apport de lumière non négligeable lorsqu'ils sont dotés d'un fenestrage, tout en créant un effet de perspective remarquable.
Le porche sud à deux niveaux est assez fréquent, le niveau supérieur abritant en général une chambre d'archives avec accès par une tourelle d'escalier.

   

Ce type de porche se retrouve parfois à l'ouest appuyé au clocher-mur qu'il vient épauler, jouant le rôle d'un solide contrefort (Henvic, Ploumilliau, Plougonven...).
L'étage, utilisé en général comme chambre d'archives, est desservi par la tourelle d'accès au clocher.
Les édifices de style néo-Beaumanoir reprendront parfois cette configuration en ajourant le pignon ouest, réalisant ainsi un balcon, une tribune ouverte sur l'extérieur.

     

Un style caractéristique dans l'ornementation : La réalisation de l'ornementation révèle un grand savoir-faire et traduit un souci permanent de la perfection.

Les balustrades :
la tablette moulurée est large et repose sur un remplage à mouchettes ou à soufflets (aux contours en courbes et contre-courbes), dans le style gothique flamboyant.
La mise en oeuvre de jambages droits ou de simples balustres est moins fréquente, apparaissant surtout dans les édifices qui semblent avoir été remaniés ultérieurement.
Aux angles de la plate-forme, piles, pinacles ornés de crosses ou de crochets, arcs-boutants élancés et élégants viennent gracieusement épauler la chambre de cloches.

   

Les gargouilles :
A figure de chimères ou inspirées du règne animal (chiens, cochons, sangliers...).
Placées aux angles sous la plate-forme, elles jouent le rôle de corbeaux, assurant une parfaite assise au beffroi et à la flèche, tout en établissant un repos visuel, une rupture dans la verticalité de l'élévation .
Placées aux angles des porches et des pignons elles soulignent les ruptures de lignes, mettent en valeur les verticales, épaulant les rampants obliques grimpant vers les faîtages.
Rien n'est laissé au hasard. Placées aux jonctions des noues à l'aplomb d'un contrefort, elles sont soutenues par des pieds-droits, permettant ainsi d'évacuer les eaux de ruissellement loin des maçonneries.

   
   
   
   
   

les porches et les fenestrages :
L'inspiration est puisée dans l'univers végétal pour la structure et le décor des porches et des fenestrages,
le traitement des faîtages avec les rampants ornés de crochets, l'ornementation délicate des épis au faîte des pignons.
Les ornements sont traités dans l'esprit flamboyant (en vogue à cette époque), mais avec une parfaite maîtrise et une facture propre à cet atelier.

   

Les nuances de style :

Certaines nuances de style sont décelables selon les zônes d'activité :

  • Liées aux hommes :
    Encadrés par les Beaumanoir, les sculpteurs sont pour une grande partie recrutés localement et vont marquer de leur emprunte les différents édifices.
    Richesse voire profusion de décor dans la région de Lannion ou dans le Léon, sobriété presque monastique des ornements aux approches de la montagne.
  • Liées aux matériaux :
    A l'époque, les granites sont extraits de carrières toutes proches, les matériaux voyagent peu.
    Chaque carrière fourni un granite aux caractéristiques bien particulières (gris ocré des carrières de Bruillac en Plounérin, blond doré de l'Ile Callot, gris bleuté de l'Ile-Grande, gris rosé de Trégastel, gris aux nuances mordorées de Plounéour-Menez...).
  • Liées aux commanditaires :
    La très riche région du Léon (tissage du lin pour confectionner des voiles vendues dans toute l’Europe) contraste avec celle plus pauvre du centre Bretagne et bien entendu les moyens financiers mis en oeuvre ne sont pas comparables d'une paroisse à l'autre.
  • Liées aux conditions climatiques locales :
    Rongés de mousses et de lichens dans la montagne humide, aggressés par l'air salin en bordure de mer, les granites vieillissent prématurément mais voient leur longévité s'accroître dans les régions moins exposées et plus ensoleillées (baie de Morlaix, alentours de Lannion).

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